Réaliser sa licence en quatre ans ou suivre des enseignements complémentaires : après un semestre d’application, quel bilan d’étape tirer des parcours adaptés « oui si » ?
En ce vendredi humide du mois de février qui pointe le bout de son nez, Ajla, Elea, Kyllian et Thimaël sont au Platane. Les quatre étudiants ont été acceptés en licence de japonais sous réserve de suivre des cours de soutien méthodologique. Après avoir évoqué « la technique de prise de notes, la cartographie conceptuelle ou la recherche documentaire – bref, la méthodologie du travail universitaire », l’enseignant, Matthieu Louis, va aujourd’hui leur parler de la synthèse de textes. Il a été recruté spécialement par l’Institut de développement et d’innovation pédagogiques (Idip) sur cette mission d’enseignement à la Faculté des langues.
À l’Unistra, tout comme Elea, Thimaël et les autres, 950 étudiants de licence 1 sont en parcours « oui si », dont un quart feront leur licence en quatre ans. Ces parcours, issus de la réforme Parcoursup, constituent une réponse de l’université aux bacheliers1 dont le profil ne correspond pas aux attendus de la licence demandée. « C’est comme un feu clignotant qui leur indique "attention, tu risques de ne pas réussir chez nous", tout en leur proposant les moyens d’y arriver », avance Rachel Schurhammer, vice-doyenne de la Faculté de chimie, qui rappelle que « Parcousup n’autorise pas à refuser un candidat »2.
Un accompagnement bienvenu
Cette situation, comment la vivent les étudiants ? « Au départ, ça m’a embêtée, se souvient Ayla. On est dans un groupe à part, la première année on n’a pas du tout de cours de japonais, seulement de la méthodologie, et même les examens sont différents ! » Comme elle, ils sont nombreux à avoir vu dans cette assignation une punition. Mais la perception semble avoir changé au fil de l’année : c’est ce qui ressort d’une enquête menée par Marie-Pierre Maechling-Mounié auprès des étudiants de la mention Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales (LLCER), dont elle a la charge. « Finalement, ils sont 70 % à percevoir le "oui si" comme une chance ! »
Corollaire du « oui si », l’accompagnement proposé à des étudiants souvent désorientés à l’entrée à l’université n’est sûrement pas pour rien dans cette évolution. À la Faculté de chimie, trois rendez-vous individuels de positionnement sont proposés dans l’année. « On se sent accompagnés, épaulés pour réussir notre entrée à la fac, acquiesce Thimaël, l’étudiant de japonais. Sans cela, « j’aurais été moins motivé, c’est sûr ! » Sans compter que les enseignements de « oui si » se font généralement en petits groupes. Ainsi à la Faculté des sciences sociales, qui propose au deuxième semestre des ateliers à la carte, « on a l’impression d’une certaine sortie de l’anonymat, témoigne le doyen, Jean-Daniel Boyer. La lecture des copies du premier semestre m’a donné l’impression d’étudiants plus concernés ».